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"En chemin, elle rencontre..." : pour dénoncer les violences faites aux femmes

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Moinard, Des Ronds dans l'O

En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou de son ex-compagnon. Face à ce terrible constat, Marie Moinard, femme et éditrice, s’est lancée dans une vaste aventure : réunir autour d’elle un collectif d’auteurs de bande dessinée pour dénoncer ces violences faites aux femmes par les bulles.

De quoi traite ce troisième volume de « En chemin, elle rencontre… » ?

Marie Moinard. Il s’agit de parler de l’égalité homme-femme ou plutôt l’inégalité qui, par voie de conséquence, provoque de la violence. Elle crée une domination et l’humiliation même si on ne prend pas de coups dans la figure. L’idée était de montrer que dans la vie de tous les jours, personne ne se rend compte de ces inégalités. On le voit très bien dans la planche dessinée par Anne Rouvin sur le sport à l’école. La maîtresse propose un match de foot à toute la classe mais les filles ont peur de se blesser. Pourquoi ? Parce que depuis qu’elles sont toutes petites, leurs parents les défendent de faire des choses trop dangereuses car elles sont fragiles, alors que les petits garçons sont autorisés à prendre des risques pour prouver leur bravoure. C’est édifiant. Juste après l’histoire, Nicole Abar, 8 fois championne de France de football, livre son ressenti sur ce qu’elle a lu. Je trouve ça très important d’avoir également son regard.

Quel serait le but de cet album ?

De permettre aux filles d’être plus fortes. De dépasser les clichés entendus dès l’enfance, ça, c’est très important. Dans ce troisième volume, on dénonce les violences qui sont la conséquence de ces inégalités, or celles-ci se trouvent dès l’école ou à la maison et aussi dans le langage. Aujourd’hui, la rue appartient aux garçons et pourquoi ? Ce n’est pas normal ! On voit aussi une inégalité au niveau vestimentaire. La planche de « La Jupe » dessinée par Eric Lenaerts, dénonce le comportement de certains garçons dès qu’une femme porte une jupe. On la taxe de salope mais c’est terrible de faire en sorte qu’on ne puisse pas s’habiller comme on veut. Cette planche découle de l’expérience d’une Belge, Sophie Peeters. Elle filmait le comportement des hommes de son quartier. Elle en a tiré un documentaire, « Le Harcèlement de rue ». Le constat est affligeant. Sur la toile, des milliers de témoignages sont venus confirmer que beaucoup de femmes subissaient la même chose.

Pourquoi avoir choisi la bande dessinée pour dénoncer ces violences ?

On lit la BD, tout le monde en lit et il s’agit d’un public majoritairement masculin. J’ai d’ailleurs eu des témoignages de lecteurs très intéressants. Ils m’ont confié avoir été choqués de découvrir certains comportements de leurs congénères et que dorénavant ils feraient plus attention à ce qui passe autour d’eux ne serait-ce pour les enfants. C’est aussi un livre de prévention pour les filles.

Vous êtes à l’origine de tous les textes ?

Je suis à l’origine du projet et je savais ce que je voulais lister. En tout, 70 auteurs de BD m’ont suivie. Un bon groupe de filles et aussi de garçons ! En cela, ce n’est pas un livre de filles pour les filles mais de tout le monde fait pour tout le monde. En général, je propose aux auteurs des thèmes et ils travaillent dessus. Ça n’a pas toujours été simple. Certains ont souffert sur les planches. D’autres ont jeté l’histoire sur la page d’un coup comme Damien Marie, au scénario de « La Cage » dessinée par Marc-Renier. Je lui ai parlé de la violence économique au sein du couple et il m’a livré cette histoire glaçante d’une femme mariée à un homme aisé et cependant sous le coup des humiliations de son conjoint sans possibilité de partir, sans ressource. Ces violences sont très silencieuses, elles sont difficiles à comprendre.

Avez-vous fait le tour du sujet avec « En chemin, elle rencontre… » ?

Non parce qu’il y a encore beaucoup à dessiner, mais oui sous cette forme d’album collectif. D’autres histoires longues sur ce thème pourront être éditées je pense. La trilogie n’a pas fini de vivre, elle a vocation à circuler également en milieu scolaire comme un outil. Jeudi, j’ai donné le dernier tome à Aurélie Filippetti, elle a eu l’air intéressé, à voir.

« En chemin… elle rencontre » à découvrir encore ce dimanche sous la bulle Nouveau Monde, place New York à Angoulême, au stand des éditions Des Ronds dans l’O.


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